L'Abbaye de Daoulas

Histoire de l'abbaye

Cloître de l'abbaye de Daoulas, 1950-1960 (27 Fi 1135)

Située sur la commune de Daoulas, l'abbaye est acquis par le Département en 1984 et est gérée par l'EPCC "Chemins du patrimoine en Finistère" depuis 2006.
Au XIIe siècle, Daoulas est une petite ville et un port stratégique situé entre deux puissantes seigneuries, la vicomté de Cornouaille et la vicomté de Léon, mais aussi entre deux évêchés. La légende raconte que l’abbaye fut fondée pour expier un meurtre fratricide : au début des années 1170, alors que l’empire Plantagenêt s’étend peu à peu, Guyomarch, vicomte de Léon, fait tuer son frère Hamon, évêque de Léon, allié du roi d’Angleterre, Henri II. C’est pour expier ce meurtre que Guyomarch aurait fondé l’abbaye de Daoulas.
Les chanoines rattachés à l’évêché de Quimper et à l’Ordre de Saint-Augustin se seraient installés sur les hauteurs de Daoulas dès 1173, sur les ruines d’un monastère antérieur. Il s’agirait de la première abbaye augustine de Bretagne. L’Église est consacrée le 12 septembre 1232.
Les chanoines sont des clercs qui vivent en communauté dans un monastère. Ils constituent pour les seigneurs un relai local de leur pouvoir. En effet, les augustins ne font pas partie d’un ordre puissant mais ils sont sous l’autorité des Papes à Rome. Ils font vœu de pauvreté, ce qui leur interdit de posséder des biens. Cependant l’abbaye peut s’enrichir de dons des seigneurs locaux. Les chanoines exercent également les fonctions paroissiales et célèbrent l’office pour les habitants de Daoulas et dans une quinzaine de paroisses voisines.
L’abbaye reçoit des seigneurs de Léon des droits juridiques et des droits économiques, elle peut lever des impôts, notamment sur l’utilisation des moulins, des fours, des droits sur la chasse, la pêche…
Le bâti est fortement endommagé pendant la Guerre de Cents ans mais l’abbaye dispose d’importants revenus ecclésiastiques et seigneuriaux lui permettant d’ériger de nouveaux bâtiments et de faire évoluer l’abbaye vers le style gothique puis Renaissance.
A ces siècles de prospérité, succède une période de déclin. La commende est instaurée au XVIIe siècle : des nobles doivent assurer la fonction d’abbé et administrer l’abbaye. De nombreux conflits éclatent et plusieurs procès ont lieux. En 1692, le roi Louis XIV fait don de l’abbaye de Daoulas au séminaire jésuite de Brest. Cependant l’entretien de labbaye coûte cher et les jésuites ont fait d’importantes dépenses à Brest. Un projet d’union de l’abbaye de Daoulas avec l’abbaye de Beauport voit le jour mais est refusé par l’évêque de Quimper en 1719.
Au XVIIIe siècle, l’abbaye exerce encore un important pouvoir spirituel mais les jésuites fortement endettés n’entretiennent plus les lieux. Les donations se font de plus en plus rares et la vie monastique n’attire plus.
En 1763, l’abbaye revient sous l’autorité de l’évêque de Quimper et est gérée par l’Économat. Des travaux sont engagés mais sont entravés par la Révolution. La foudre détruit le grand chœur de l’abbatiale en 1790.

Les biens de l’abbaye sont nationalisés et certains chanoines fuient à l’étrangers, d’autres sont arrêtés et condamnés à la déportation. Le monastère et ses dépendances sont vendus et l’église devient propriété de la commune.
Les propriétaires se succèdent et le bâti suit ces évolutions : les ailes Nord sont détruites, la couverture du cloître disparaît, le logis abbatial subit des transformations lui donnant l’aspect d’une maison bourgeoise côté rue. A la fin du XIXe siècle, les bâtiments sont vendus à Émile Danguy des Déserts, notaire à Daoulas et gendre de l’architecte départemental et diocésain Joseph Bigot, lequel entreprend la restauration de l’église puis du cloître roman à partir de 1876.
Acquise par la congrégation des sœurs franciscaines de Blois en 1947, l’abbaye est vendue au Conseil général du Finistère en 1984 qui y créé un centre culturel. Dès lors, celui-ci confie la gestion à une association. Le parc est aménagé et un projet de jardin médicinal est mis sur pied. Celui-ci prend l’apparence des jardins d’abbayes de l’époque médiévale et de la Renaissance avec des plates-bandes et des espaces bien délimités. Dans un premier temps, il s’agit uniquement de plantes que l’on trouve en Bretagne.
Depuis 1996, le jardin s’est agrandit et les espèces se sont diversifiées. Désormais, les visiteurs peuvent venir découvrir des plantes originaires des quatre coins du monde. En 2015, l’aménagement du parc se poursuit et des arbres et arbustes médicinaux sont installés dans le parc. Chaque année, des expositions sont organisées sur le thème d’ouverture au monde et aux cultures.

Bibliographie

  • ABGRALL J. M., PEYRON P., "Daoulas", in Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Kerangal (impr.), 1910, p. 1-31. (Q8GG 3-3)
  • CAMUS M.-T., « Daoulas, église Notre-Dame », in Congrès archéologique de France, t. 165 (Finistère, 2007), Paris, Société française d'Archéologie, 2009, p. 85-110. (PER 479-104)
  • DEMANET G. (2004), L'abbaye de Daoulas aux XVIIe et XVIIIe siècles, Mémoire de master recherche : histoire, Brest, Université de Bretagne Occidentale, 249 p. (TU 288)
  • DEUFFIC J.-L., « Notre-Dame de Daoulas », in Les Abbayes bretonnes [sous la direction de ANDREJEWSKI D.; préface par LE QUINTREC C.], Rennes, Biennale des abbayes bretonnes, Paris, Le Sarment ; Fayard, 1983. (Q4G 96)
  • GAZEAU F., Daoulas et son "abbaïe", Daoulas, Centre culturel de l'abbaye de Daoulas, 1990, 104 p. (Q4MM 18)
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  • TOUSSAINT-BENSAÏD A., L'abbaye de Daoulas, une abbaye citadine, Spézet ; Daoulas, Coop Breizh ; Chemins du patrimoine, 2012, 79 p. (Q8BB 1184)