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Explosion de l'Ocean Liberty

Brest panse encore les plaies de la guerre quand arrive, le 23 juillet 1947, en provenance de New York, un liberty-ship battant pavillon norvégien. L'Ocean Liberty, c'est son nom, avait chargé à Baltimore plus de 3 000 tonnes de nitrate d'ammonium, un fertilisant agricole hautement explosif au contact de combustibles liquides, puis diverses marchandises à New-York à destination de Brest, Cherbourg, Le Havre, Boulogne et Anvers. Parmi ces marchandises hétéroclites, on note la présence de ballons de baudruche, de pétrole en fûts ou encore de matériel de wagons.

Cette marchandise, destinée à l'usine de montage de la Pyrotechnie Saint-Nicolas à Brest justifie, entre autres, l'escale brestoise.

Les cales contenant le nitrate d'ammonium ne sont donc pas concernées par ce déchargement qui a lieu au port de commerce, quai Ouest, 5ème bassin. 

Jusqu'au 28 juillet midi, tout semblait normal à bord...

 

12h25. Une fumée jaune apparaît soudainement de la cale 3 où sont entreposées 1 381 tonnes de nitrate. Rapidement, le fort vent d'est de 2 à 3 beauforts rabat les flammes sur les installations portuaires où un incendie se déclare ; les vapeurs nitreuses rendent l'atmosphère irrespirable et les équipes de dockers doivent abandonner leur travail.

13h. Le développement du sinistre, en dépit de l'intervention des pompiers, conduit les autorités portuaires à envisager la remorque du navire en dehors des dépendances du port de commerce.

13h15. Une explosion sourde d'assez forte intensité projette dans l'air une colonne de flammes et de débris enflammés qui se répandent sur un hangar en bois couvert de carton bitumé situé à 25 mètres du navires. Ce dernier prend feu à l'instar de sloops amarrés au quai d'un bassin adjacent.

14h. Deux remorqueurs de 600 CV accompagnés du bateau-pompe prennent en charge l'Ocean Liberty. L'un des remorqueurs parvient à prendre le navire en feu en remorque par l'arrière et à le sortir du port de commerce. Une demi-heure plus tard, l'Ocean Liberty est échoué sur le banc de sable de Saint-Marc.

15h. L'aviso dragueur Goumier tente sans succès de saborder l'Ocean Liberty en tirant des obus inertes. Ces derniers ricochent sur la coque du liberty-ship ne donnant aucun résultat.

16h30. Le directeur local de la compagnie Les Abeilles, l'enseigne de vaisseau Yves Bignon, propose ses services pour essayer de saborder le navire en déposant contre la coque des charges d'explosif.

16h40. Yves Bignon secondé par un marin volontaire, François Quéré, tente en vain de saborder l'Ocean Liberty à l'explosif.

17h. Le préfet maritime donne l'ordre de retrait aux bâtiments d'intervention vers une zone éloignée de 200 mètres minimum du navire en flamme.

17h15. La dernière tentative d'Yves Bignon et de François Quéré avorte, ils se trouvent alors à 50 mètres de l'Ocean Liberty.

17h25. L'Ocean Liberty explose. Le drame tue Yves Bignon, François Quéré, ainsi que 24 autres personnes. On compte plus de 500 blessés, dont une dizaine dans un état grave. Des matières en fusion déclenchent de nombreux incendies. 4 000 à 5 000 immeubles et maisons sont détruits. La rue Jules Guesde et la cité Levot sont démolies. Le bureau de poste est ravagé. De nombreux autres quartiers sont touchés : toits soufflés, vitres brisées... Brest est une nouvelle fois défigurée.

L'Ocean Liberty dans la presse

L'Ocean Liberty aux actualités

  Voir la vidéo sur le site de l'INA