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Affaiblies par cinq années de conflits qui ont grandement contribué à la diminution de leur flotte, les compagnies maritimes tentent de redonner du souffle à leur activité en lançant de nouveaux navires destinés à assurer les différentes liaisons transatlantiques. Bien que le transport aérien commence à se développer, le bateau reste le moyen de transport le plus sûr et le moins onéreux pour qui veut gagner l’autre côté de l’Atlantique. C’est dans ce contexte qu’en août 1947, le Ministère de la Marine lance sur commande de la Compagnie Générale Transatlantique (CGT), la construction d’un paquebot destiné à assurer la ligne Le Havre - Fort-de-France. C’est à l’arsenal de Brest que la construction du nouveau fleuron de la CGT est confiée.

D’une longueur de 173 mètres pour une jauge brute de 19 828 tonneaux, Antilles est le sister-ship du Flandres dont la construction est lancée à Dunkerque la même année. Destiné à renforcé la ligne régulière Le Havre - Fort-de-France, le moteur de 42 000 chevaux doit permettre au nouveau paquebot de rallier Fort-de-France en 8 jours grâce à une vitesse moyenne de 23 noeuds, soit 7 de plus que le Colombie en service sur cette même ligne mais par intermittence depuis 1931. 777 cabines sont prévues pour le transport des passagers, réparties en 6 catégories : 14 cabines de luxe, 289 de 1ère classe, 100 « mixtes », 285 « classe cabine », 89 « classe touriste ».

Les premières études sur plans sont lancées en 1947. Le chantier débute quant à lui à Brest le 1er décembre 1948. Initialement prévu à l’été 1952, le retard s’accumule en raison de problèmes électriques liés au tableau principal, problèmes auxquels doit également faire face le chantier de construction du Flandres.

A ces disfonctionnements vient s’ajouter l’ouverture d’une enquête pour sabotage sur le système de pompe à eau sanitaire dans lequel plusieurs morceaux de ferrailles semblent avoir été placés délibérément. Le 21 septembre 1952, l’ingénieur en chef déclare : « J’ignore la gravité exacte des avaries survenues aux pompes mais l’intention de nuire n’est pas douteuse dans cette affaire. Il n’y avait aucune raison pour découper en cinq morceaux le tronçon de tuyautage supprimé. En admettant que ce travail exécuté au chalumeau ait été fait sans mauvaise intention, on pourrait tout au plus admettre un seul morceau d’acier. Pour qu’il s’en soit trouvé cinq entre les deux pompes, il a fallu qu’ils soient déposés dans le collecteur de façon délibérée ». Les interrogatoires des différents ouvriers ayant travaillé sur le site ne nous permettent pas de connaitre le fin mot de l’histoire.

Malgré le retard accumulé, la première mise à l’eau s’effectue le 26 avril 1951 et les moteurs sont montés à l’été 1952. Les essais en mer sont programmés les 19, 20 et 21 février 1953. Coté équipage, Antilles embarque 400 hommes répartis comme tel : 30 officiers d’état major, 46 hommes de pont, 62 affectés au service machine et 264 au service général.  Le 28 avril 1953, avec 10 mois de retard, le paquebot intègre définitivement la flotte de la « Transat ».

Les premières années de navigation du paquebot sont presque exclusivement réservées à la desserte France – Antilles. Une fois arrivé à Fort-de-France, le paquebot fait escale dans plusieurs ports de la mer des Caraïbes. Occasionnellement, il est utilisé pour des croisières dans les eaux européennes et américaines. Dans les années 1960, la demande s’intensifie et les formules proposées par la Transat se divisent entre liaisons régulières et croisières.

Antilles navigua près de 18 ans entre la France et les Caraïbes. Le 8 janvier 1971 alors qu’il descend vers le Venezuela, il heurte un récif non signalé devant l’Ile Moustique provocant la rupture d’une soute à mazout. L’incendie se déclare aussitôt, l’évacuation des 635 passagers est inévitable.

Bien que remplacé par le paquebot De Grasse, c’est tout un symbole qui disparaît avec la perte d’Antilles, son naufrage marquant le déclin des grandes lignes régulières transatlantiques alors qu'au même moment la concurrence des lignes aériennes se faisait de plus en plus pressante. De fait, le De Grasse ne navigua que deux ans avant que la décision soit prise de fermer définitivement la ligne Le Havre - Antilles.

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