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Ar Men (Ile de Sein)

L’ouvrage est un tour de force technique en même temps qu’un défi à la nature. Il faut en effet quatorze années, entre 1867 et 1881, pour édifier ce phare en pleine mer, à l’extrême ouest de la chaussée de Sein, une suite de récifs qui s’étendent sur près de 19 kilomètres, face à la pointe du Raz.

La réalisation en est confiée aux ingénieurs Joly, Rouville, Junker, de Miniac et Quelennec.

La tour doit être implantée sur la roche d’Ar-Men (la Pierre ou la Roche en langue bretonne), un récif de mauvais granite schisteux d’environ 7 mètres sur 15, émergé de seulement 4,20 mètre au-dessus des plus basses mers. La première étape consiste à débarrasser la roche de ses algues et à y percer des trous de 30 à 40 centimètre de profondeur afin d’y sceller les barres de fer destinées à l’ancrage de la première assise du phare. Le travail est réalisé au fleuret par une équipe de marins sénans entrainés,  qui débarquent sur le récif munis de ceintures de sauvetage, lorsque le temps et la marée le permettent. Durant les travaux, une embarcation croise à proximité afin de repêcher les ouvriers emportés ou renversés par des lames.

Il faudra un peu plus de deux années d’efforts à ces maçons improvisés pour parvenir à réaliser les forages et arasements préalables au lancement du chantier.

Les travaux commencent en mai 1869. Les fondations sont exécutées avec du mortier gâché à l’eau de mer. La base du phare est en kersantite, une pierre de sculpteur au grain fin et serré, extraite de carrières du canton de Daoulas (arrondissement de Brest). La tour, cylindrique, s’élève progressivement de 3 à 6 mètres à chaque campagne. Il faut parfois refaire en début de saison ce que les tempêtes hivernales ont endommagé ou détruit. Le premier étage est achevé en 1876, le dernier niveau est réceptionné en 1880. Au terme de 14 années de travaux, l’ouvrage est achevé et officiellement mis en service le 30 août 1881. Il mesure 35,50 mètres de haut (au-dessus de la mer) pour un diamètre de 7,20 mètres.

Cependant, soumis à des conditions extrêmes, il est bientôt jugé trop fragile par les ingénieurs de la direction des Phares et doit être consolidé à partir de 1897. Le parement est rejointoyé, son soubassement est élargi, renforcé et un contrefort de béton de 11,50 mètres est coulé, enveloppant la partie basse de la tour afin de la protéger des assauts de la mer. Ce nouveau chantier s’achève en 1902.

Surnommé « l’enfer des enfers » par ses gardiens successifs, le phare est automatisé le 10 avril 1990. L’optique actuelle émet trois éclats blancs toutes les vingt secondes. Sa portée est de 23 milles.

Il n’est pas ouvert au public.

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 Suite de l'exposition : Camaret