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Hyacinthe le Bleis : Un hirudiniculteur en pays Bigouden

Plan de l'élevage de Hyacinthe Le Bleis, 1830. 4 U 2-30

Ce plan au tracé un peu naïf, est conservé dans un dossier de procédure pour vol d'animaux, commis durant la nuit du 25 au 26 mai 1830 à Pont-l'Abbé, au village de Brémilliec.

Il représente - l'auriez-vous deviné ? - les bassins d'un négociant de sangsues médicinales.

Son auteur, Hyacinthe Le Bleis, qui est également la victime du larcin, l'a dressé, légendé puis transmis au juge quimpérois chargé de l'instruction.

La sangsue (en latin hirudo) est employée en médecine depuis l'Antiquité. Son usage se multiplie un temps durant le Moyen-Âge occidental, puis décline irrémédiablement, concurrencé par la pratique de la saignée à la lancette du barbier chirurgien. Il retrouve la faveur des médecins au début du XIXème siècle, sous l'influence de François Broussais, ancien médecin en chef des armées de Napoléon.  Cet éminent professeur à la Faculté de Paris est à l'origine de la Théorie de l'inflammation et de sa trithérapie : diète, saignée, sangsue. On en prescrit ainsi, entre 1820 et 1840, plusieurs millions chaque année dans le traitement de nombreuses affections.

Son usage est étendu à des patients qui ont tout essayé et sur qui rien ne marche. Face à cet engouement s'organise un négoce, bientôt florissant, caractérisé par la multiplications d'élevages un peu partout en France. L'installation de Hyacinthe Le Bleis constitue, de ce point de vue, une parfaite illustration du phénomène. Et les larcins commis dans ses bassins livrent d'intéressants détails sur l'activité d'une filière originale, tombée depuis dans l'oubli.