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Kéréon (Ile Molène)

Le phare est édifié entre 1906 et 1916 sur le Men-Tensel (« la Roche hargneuse » en langue bretonne), un récif situé en mer d’Iroise, au sud-est de l’Île d’Ouessant, près du passage du Fromveur.

Il est en partie financé par le don de Mme Le Baudry, petite-nièce de Charles-Marie Le Dall de Kéréon, enseigne de vaisseau de dix-neuf ans, condamné à mort pour conspiration et guillotiné durant la Révolution. Selon le vœu de la donatrice, le phare portera son nom.

Les 585 000 francs correspondants sont acceptés par l’administration en 1910. Cette somme, inespérée, permet de redimensionner un premier projet en cours de réalisation depuis quelques années sur le rocher. Délaissant l’édifice initial – une modeste tourelle de béton à feu automatique –, les ingénieurs optent à ce moment pour un grand phare habité.

Le dossier est confié au sous-ingénieur Le Corvaisier, puis au conducteur Crouton. Les différentes étapes de la construction se succèdent à une allure soutenue jusqu’à l’ouverture du premier conflit mondial. C’est la mobilisation générale qui ralentit le chantier en le privant d’une partie de ses ouvriers. Puis la guerre, qui raréfie la matière première, le ciment notamment, acheminé difficilement de Boulogne. Elle provoque une flambée des prix, au point de rendre nécessaires, à deux reprises, l’octroi de rallonges budgétaires conséquentes pour l’achèvement du projet. Au final, l’édifice coûtera près d’un million de francs.

 

Mis en fonction le 25 octobre 1916, le phare, puissamment bâti, mesure 47,25 mètres de haut pour 8 mètres de diamètre. Sa tour, de forme cylindrique, est réalisée en pierres de taille soigneusement appareillées.

Ses aménagements intérieurs surtout, sont remarquables : la rotonde du dernier étage et les chambres à coucher des gardiens, garnies de lits clos, sont lambrissées en chêne de Hongrie ; leurs parquets étoilés sont marquetés d’acajou, d’ébène et de poirier ; les plafonds sont décorés ; l’escalier se développe dans une cage ornée de mosaïques ; le mobilier est à l’avenant. Dans le vestibule, une plaque de marbre scellée au mur, rappelle le sens de la donation.

La lanterne du phare, actuellement équipée d’une lampe halogène de 180 W, émet un feu blanc et rouge dont la portée est de 17 milles.

Le « trois étoiles » Kéréon, selon l’expression de ses gardiens, est le dernier phare de pleine mer à être automatisé, le 29 janvier 2004.

Il n’est pas ouvert au public.

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 Suite de l'exposition : Kermorvan