L'Aide majeure à la navigation d'Ouessant : un projet "phare"

Conservées par la Direction interrégionale de la mer Manche Est mer du Nord, héritière du service en charge du projet dans les années 1980, les archives sont rapatriées en Finistère, à la Direction interrégionale de la mer Nord Atlantique Manche Ouest, dans la mesure où elles concernent plus particulièrement le site d'Ouessant.

Un premier traitement a lieu en août 2020 sur le site de Brest, face à la mer, par l’équipe du Service des archives contemporaines des Archives départementales. Les archives sont conservées avec des objets du Service des Phares et balises : optiques, lanternes, ... immersion totale pour une journée de tri, y compris sur le plan climatique et hygrométrique ! 
C’est aussi l’occasion pour l’équipe de découvrir un fonds technique et de se familiariser, quelquefois avec humour et perplexité, avec son vocabulaire : tripode gravitaire, étude de liquéfaction, structure haubanée, programme bathymétrique, …

Le fonds est transféré aux Archives départementales à Quimper pour traitement physique (déshumidification, reconditionnement intégral) et intellectuel. Le choix a été fait de conserver l’intégralité du fonds compte tenu de sa technicité, à l’exception de nombreux doublons et de pièces financières.

Histoire d'un projet "phare" (1978-1986)

Le 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz s’échoue au large des côtes de Portsall provoquant une marée noire de grande ampleur, marquant les esprits pour de nombreuses générations. Afin de sécuriser la navigation dans la Manche, l'Organisation Maritime Internationale propose de construire trois grands phares :

• A l'entrée ouest de la Manche près d'Ouessant
• En Manche centrale près des Casquets
• Dans la zone de Sandettié

Un appel d'offres avec concours est lancé le 23 aout 1979. Seul le projet à l'entrée du rail d'Ouessant fait l'objet d'une étude. Cette mission est confiée au Service Maritime de Seine-Maritime assisté du bureau d'étude du Port Autonome du Havre. 
Un nouvel appel d’offres est lancé en juin 1983 faisant rivaliser de nombreuses entreprises du secteur de la construction pour proposer une solution technique viable. Le groupement SPIE-Batignolles remporte le marché de réalisation du phare. Cette construction est une innovation technique : 

• dans sa structure : mixte en acier et béton, de type tripode (bâti sur 3 pieds) et qui repose par gravité sur les fonds marins
• dans sa localisation : ce sera le premier phare à être situé si loin en mer

Après plusieurs hésitations, le marché est signé en décembre 1984, pour une mise en service au cours de l’été 1987.
Des études complémentaires réalisées en 1984 et 1985 (concernant notamment le risque de liquéfaction des sables de fondation du site, pouvant causer l’enfoncement ou l’effondrement de la construction), ainsi que des évolutions juridiques viennent ralentir considérablement l’engagement des travaux. Et finalement, en mai 1986, le marché est officiellement résilié. Il s’en suit de nombreuses années de règlements financiers.
 

Que trouve-t-on dans ce fonds ?

Au-delà des pièces administratives (pièces de marché, pièces financières), vous retrouverez dans ce fonds de nombreuses études techniques, rapports de campagne géotechnique, bathymétrique et de reconnaissance des fonds marins. Toutes les offres des entreprises ont été conservées. Elles permettent de comprendre les innovations et les prouesses techniques imaginées pour réaliser cette structure. Les dossiers contiennent également des photographies et des plaquettes publicitaires des entreprises.