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Du Feuilleton...

Quand on parle de presse ancienne, le mot feuilleton évoque le roman publié en livraisons. Il n'en a pas toujours été ainsi.

A l'origine, le feuilleton est un terme technique. C’est l’espace typographique du quart inférieur de la page séparé du reste du journal par une ligne noire. Il est familièrement dit ''rez-de-chaussée''.

Il aurait été inauguré en 1799 par le Journal des débats. Jusque-là, les notices littéraires étaient insérées dans le corps du journal. En installant une chronique sur le théâtre au ''rez-de-chaussée'', le critique Geoffroy attira par cette nouveauté l’attention des lecteurs.
Cette partie du journal abritant des critiques, puis des articles de littérature et de science va prendre de l’importance. La vogue du feuilleton devint telle que le journal semblait vide le jour où il manquait. 

Le feuilleton apparaît plus tardivement dans la presse locale, faute de place dans ces publications à pagination réduite et de manière irrégulière. Les événements de la vie culturelle ne sont pas assez nombreux pour nourrir le ''rez-de-chaussée''. La matière du feuilleton est donc variée : études historiques d’érudits locaux, informations pratiques...

Extrait du "Finistère" du 22 janvier 1881
Extrait de "L'Union monarchique du Finistère" du 3 juin 1885
Extrait du "Finistère" du 14 décembre 1917
Extrait du "Le Finistère" du 6 juin 1936

... au Feuilleton-Roman

''Feuilleton-roman'' est la première appellation utilisée quand Honoré de Balzac publie en 1836 La Vieille fille dans La Presse d’Emile de Girardin. L’idée de pouvoir concilier un long récit et une présentation morcelée triomphe avec la publication des Mystères de Paris d’Eugène Sue dans le Journal des débats entre juin 1842 et octobre 1843 !

Le ''feuilleton-roman'', par un curieux retournement devient ''roman-feuilleton''. Il domine tellement le marché que ce mode de diffusion devient le lieu de passage obligé de toute la production romanesque du XIXe siècle : de Balzac à Zola, d’Eugène Sue à Gaston Leroux, de Dumas à Maurice Leblanc... tous ont défilé dans le feuilleton. Le Chevalier Lagardère, Rocambole, Arsène Lupin et Fantômas sont nés au ''rez-de-chaussée''.

Le feuilleton permet également de fidéliser les lecteurs et c’est souvent par lui que les nouveaux alphabétisés entrent dans la lecture. La formule est reprise par la presse locale.

"Le Drame de Rosmeur" par Pierre Maël
Extrait du "Courrier du Finistère" du 7 août 1915
"Va zam buez" par Louis Le Floch, dit Loeiz Ar Floc'h
"L'Erreur de Florence" par Charles Le Goffic

Des maisons spécialisées dans la commercialisation des romans-feuilletons font leur apparition vers 1875. Le rédacteur d’un journal de province achète sur catalogue, des fictions déjà parues dans des journaux parisiens et profite ainsi de tarifs dégressifs.

Les plus connues sont la Société des gens de lettres et l’agence Havas. Elles fournissent aux acheteurs non le texte, mais le clichage c’est à dire le texte composé prêt à être utilisé par l’imprimerie.